1938: Lassie
Lassie, un chien qui n'apporta rien à la Race mais un film qui lui donna tant.
Née de la plume de l'écrivain Eric Knight, les droits sont rachetés par les studios MGM qui en feront un succès mondial pour le plus grand bonheur du Collie.
Soupçonnaient-ils, en 1943, un tel succès ? Certainement pas. Les acteurs n'étaient pas encore des stars. Ils débutaient et s'appelaient Elizabeth Taylor et Roddy McDowell.
La chienne Lassie était en réalité un mâle du nom de Pal. Il fera la fortune de Rudd Weatherwax, son propriétaire et son dresseur pour le cinéma.
Décembre 1938 : L'écrivain Eric Knight relate dans un petit conte ses souvenirs d'enfance avec Toots son collie. Publié par le 'Saturday Evening Post', les droits d'auteur seront achetés par les studios MGM qui tourneront
un film "Lassie come home" (fidèle Lassie) avec Elizabeth Taylor et Roddy Mc Dowell. L'immense succès de ce film incita les cinéastes à produire une suite : "Le fils de Lassie" en 1945, puis "Le courage de Lassie" en 1946 et
"Le maître de Lassie" en 1948. Plus tard furent tournés "La magie de Lassie" en 1979 et "Lassie" en 1994.
Une émission radio raconta de 1946 à 1949 les péripéties de la célèbre Lassie et, à partir de 1954, c'est la télévision qui prit le relais et donna à Lassie une dimension planétaire. Chaque dimanche soir, pendant 18 ans, un épisode de Lassie fut diffusé à l'antenne. En 1972, ABC tourna
une nouvelle série d'épisodes et enfin, en 1988, une troisième série fut tournée et diffusée sous le titre de "The new Lassie".
Qui était Lassie : Le rôle de la chienne Lassie est en réalité tenu par un mâle. Plusieurs collies ont été "auditionnés" pour le rôle principal et pour les rôles de
doublures. Un chien du nom de Pal a été retenu pour être l'une de ces doublures.
Alors que "l'actrice principale" refuse d'effectuer une scène où elle doit traverser une rivière à la nage, on demande à Rudd Weatherwax, le dresseur des chiens, d'amener Pal pour le tournage de cette scène. Pal traversa sans hésiter
la rivière et s'échoua sur l'autre berge, apparemment complètement épuisé. En remplissant parfaitement son rôle il venait de détrôner la vedette du film pour le plus grand bonheur de son dresseur Rudd Weatherwax qui était
aussi, par un concours de circonstances, devenu son propriétaire. Pal avait été amené à Rudd Weatherwax pour être dressé afin de corriger une fâcheuse habitude de courrir après les cyclomoteurs. Il réussit à
dresser le chien mais pas vraiment à l'empêcher de courrir après les 2 roues. C'est pour cette raison que le propriétaire de Pal refusa de payer une facture au dresseur et lui laissa le chien pour solde de tout compte.
C'est ainsi que Pal, ou plutôt Lassie, en devenant une star rapporta des millions de dollars à la famille Weatherwax.
2006, le retour de Lassie, sur le grand écran.
Lassie a popularisé le Colley, ou l'inverse ?
Depuis quelques années, une réflexion suscitée par le cinéma en tant que vecteur de la mémoire semble intéresser les chercheurs en études cinématographiques. Tel était le sujet du congrès organisé par la Société d'Etudes et de Recherche sur le Cinéma Anglophone à Besançon
en automne 2010 [1]
Si la mémoire et l'histoire constituent bien deux phénomènes distincts, il est cependant possible de les réunir en construisant l'histoire de la mémoire. Le cinéma est d'abord envisageable comme vecteur de mémoire. Le langage cinématographique s'inscrit ensuite, selon la perception même du cinéaste, dans la conscience
des spectateurs. Ceux-ci vont alors réactualiser, dans le présent de leur réception, l'histoire qui leur est racontée.
Le film, puis la série Lassie s'inscrivent dans cette logique. Contrairement à l'idée généralement admise que Lassie aurait popularisé le Colley, nous pensons que Lassie est au contraire un témoignage posthume envers un animal qui aura tant apporté à l'homme depuis si longtemps.
"La mémoire résulte d'un processus de souvenance discontinue qui survit dans la conscience individuelle ou collective"
Une mémoire collective qui sentait bien que le Colley n'aurait plus sa place, ni son utilité, dans le monde qui s'avançait, et qui voulait témoigner de ce mode de vie disparu probablement pour toujours.
Mais aussi, probablement, une société américaine qui avait besoin de valeurs de courage, de moralité, de probité et de force à l'aube d'une époque qu'elle imaginait devenir terrible pour elle. N'oublions pas que nous étions en 1938 et que le 1er film sera diffusé en 1943.
Les illustrations des couvertures des aventures de Lassie en bandes dessinées montrent combien le Colley pouvait apporter de réponses à cette quête d'identité que recherchait la société américaine.
DELL MGM's Lassie Comics Books
Le colley, sous les traits de Lassie, était protecteur, vaillant, courageux. Il protégeait et secourait aussi bien les hommes que les animaux domestiques ou sauvages. Il n'avait peur, ni du feu, ni des éléments déchainés et apportait secours et réconfort plus vite que nul n'aurait pu le faire. Autant d'images nées de la mémoire
collectives qui ont ensuite entretenu cette mémoire.
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