Le syndrome du Colley gris (Gray collie syndrome).
L'atteinte est due à une anomalie des cellules souches de la moelle à partir desquelles toutes les cellules sanguines sont issues.
Le nom scientifique est la neutropénie canine cyclique (Canine Cyclic Neutropenia). Il s'agit d'une maladie hématologique rare caractérisée par une oscillation dans le nombre de neutrophiles (type de globule blanc) en circulation dans le sang.
Leur nombre va fluctuer de manière cyclique, chutant nettement tous les 10 à 12 jours, puis remontant tout aussi rapidement ensuite. (Remarque: ce cycle est de 19 à 21 jours chez l'être humain).
Les chiots atteints ont une robe grise argentée, d'où l'appelation couramment employée de "syndrome du colley gris" pour la désigner (Gray collie syndrome).
L'atteinte n'est pas liée à la couleur et il ne faut surtout pas faire un rapprochement entre gris argenté et bleu-merle.
Si la robe est grise argentée (cas du syndrome gris chez un bleu-merle), elle peut être parfois légèrement jaune. Le tricolore sera plutôt gris cendre et le zibeline sera très pâle, presque blanc.
(ci-dessus: bleu-merle gris et tricolore gris)
(ci-dessus: bleu-merle gris entre 2 chiots bleu-merle normaux)
(photo d'un colley sable-merle gris de 8 semaines - USA)
Il y a toutefois une constante: tous les chiens affectés auront une truffe grise ou brune dans le cas d'un zibeline, mais jamais noire (voir ci-dessous).
Malheureusement l'affection ne se résume pas à ces modifications des couleurs. Les chiots sont plus petits, plus faibles et développent entre 8 et 12 semaines des signes cliniques tels que fièvres, diarrhées, douleurs, ou des signes liés aux affections oculaires, respiratoires ou de peau.
Les chiens affectés sont sujets à des infections bactériennes, principalement de l'appareil gastro-intestinal ou respiratoire.
Ils vivent rarement au delà de 3 ans. Le mode de transmission est autosomal récessif (non lié au sexe et le chiot doit avoir hérité de ses parents les 2 allèles récessifs pour développer la maladie).
Des traitements peuvent être tentés pour prolonger la vie des animaux en favorisant la production de neutrophiles par stimulation de la moelle osseuse.
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Le chien ci-contre a été traité par G-CSF (granulocyte-colony stimulating factor). G-CSF est utilisé chez l'être humain pour stimuler la reconstitution de la moelle osseuse et lutter contre une neutropénie transitoire après une transplantation ou un traitement de chimiothérapie.
2 colleys gris ont ainsi été traités par administration simple de G-CSF.
Leur neutropénie récurrente et restée saine pendant plus de 18 mois. Après une phase de tâtonnement au cours de laquelle différents dosages ont été testés, un traitement adapté a pu être proposé.
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Pour des doses comprises entre 5 et 10 µg/kg/jour, l'organisme du Colley soufrant du syndrome du Colley gris réagit et apporte une réponse satisfaisante à la stimulation par G-CSF. La production de neutrophiles est comparable à celle d'un organisme sain. A des doses plus faibles, 1 ou 2 µg/kg/j, la stimulation est perceptible
mais reste insuffisante. Le caractère cyclique, selon une période de 10 à 12 jours, est parfaitement identifiable sur ce graphique.
Cette étude a été réalisée par le Professeur William P Hammond de la Division Hématologie du département de Médecine de l'Université de Washington (Journal
of the American Society of Hematology)
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Ressources web à consulter:
Contrairement au continent nord américain, cette atteinte génétique semble être inconnue sur le vieux continent. Et les colleys, rough et smooth, seraient les seuls touchés au sein du monde canin. Par contre, nous trouvons son équivalent chez l'être humain sous le nom dhématopoïèse cyclique humaine. Des chercheurs
ont réussi à montrer en 2003 quune mutation homozygote de la protéine adaptatrice AP3 chez le chien serait la cause de ce trouble.
Références:
(Benson KF, Li FQ, Person RE, Albani D, Duan Z, Wechsler J, Meade-White K, Williams K, Acland GM, Niemeyer G, Lothrop CD, Horwitz M. Mutations associated with neutropenia in dogs and humans disrupt intracellular transport of neutrophil elastase. Nature Genet 2003 ; 35 : 90-6.).
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