
L'arbre généalogique du Colley.
Le climat a tout orchestré.
Commençons par une anecdote découverte sur le site du Sénat
http://www.senat.fr/ga/ga73/ga731.html
- "Le 8 juin 1783 le Laki, volcan, qui atteint aujourd'hui une altitude de 500 mètres, connaît l'une des plus gigantesques éruptions depuis la fin de la préhistoire. Cette éruption ne s'achève qu'en février 1784, après avoir
provoqué l'épanchement d'une quantité astronomique de lave, plus de 12 km3 !
Cette éruption aurait pu rester anecdotique si elle n'avait pas engendré un profond bouleversement climatique dont les répercussions se sont fait ressentir en France. Les quantités importantes de poussières propulsées dans l'atmosphère
ont empêché le soleil de chauffer les sols et ont provoqué un refroidissement du climat. En France, les récoltes ont été touchées par le froid, provoquant une grande famine et accélérant ainsi les révoltes contre
le pouvoir royal.
On peut ainsi lier très fortement les famines et les troubles précédant la Révolution de 1789 à l'éruption -quelques années auparavant- du Laki et dire, avec les réserves que nous imposent les travaux des historiens, que celle-ci
a pu jouer un rôle de catalyseur dans la Révolution française."
La révolution française aurait peut-être été provoquée par l'éruption d'un volcan islandais quelques années plus tôt.
Nombreux sont les épisodes historiques trouvant une cause dans les évolutions du climat.
Pour nous recentrer sur notre sujet, le Colley, il faut peut-être chercher en Islande un éventuel apport génétique majeur ayant significativement modifié la morphologie de chiens de berger écossais.
Des conditions climatiques rudes, le Petit Âge Glaciaire au Moyen Âge, précédées d'une grande douceur entre 900 et 1300 en sont la cause.
Petite rétrospective climatologique.
Notre chien domestique, canis familiaris, descendrait du loup, canis etruscus qui était très présent dans toute l'Europe il y a 1 million d'années.
Parcourons le temps très vite, et d'un saut de ligne retrouvons nous il y a 16 ou 17 000 ans dans la grotte d'Erralla au Pays Basque.
Les restes d'un humérus de canidé y seront découverts. Jean-Denis Vigne, archéozoologue de renom, a pu l'étudier et conclure qu'il a appartenu à un canis familiaris. Ce sont en tout 9 sites européens qui nous livrent une preuve de la
présence du chien au tardiglaciaire. Ce qui repousse de plusieurs milliers d'années la date généralement attribuée à la domestication du chien qui n'est donc pas à mettre à l'actif de la sédentarisation humaine issue de
la révolution néolithique. En outre, ces chiens découverts en différents endroits d'Europe avaient des tailles différentes. Celui d'Erralla et de Pont d'Ambon étant plus petits que ceux d'Allemagne orientale. Jean-Denis Vigne avance l'hypothèse
de vagues successives de loups qui seraient venus d'Asie en profitant des périodes interglaciaires pour se répandre partout en Europe et diffuser à chaque fois un patrimoine génétique différent. Et de conclure "...Et que ce soit à
partir de ce substrat génétique qu'aient été domestiqués des chiens, ici et là, et à de multiples reprises entre le Dryas I et le Boréal, puis peut-être encore (et pour d'autres raisons?) au début du Néolithique."
Les variations climatiques de ces temps reculés ont mis en place les éléments du puzzle qui vont permettre d'avoir une grande diversité au sein de l'espèce canine.
La révolution néolithique, base de notre culture actuelle, prendra naissance lors du réchauffement qui suivra la dernière grande glaciation. Réchauffement qui permettra au mégalithisme de s'étendre sur tout l'arc Atlantique. Les tribus
venues du Pays Basque s'établissant durablement avec leurs chiens en Irlande et Ecosse.
Les périodes chaudes ont toujours favorisé l'expansion humaine.
L'inverse étant également partiellement vérifié.
Les Romains ont créé un empire à la faveur d'une période chaude entre 300 av JC et 300 ap JC.
Le refroidissement qui suivit signifiant également leur fin.
La période chaude suivante, entre 900 et 1300 verra les Vikings coloniser l'Islande et le Groenland. La douceur du climat a rendu les routes maritimes plus sûres. La vigne poussait en Ecosse et les céréales en Islande. Le berger d'Islande va s'y développer
avant de rejoindre l'Ecosse au cours du refroidissement qui allait recouvrir toute l'Europe de frimas entre 1400 et 1860.
Ce chien est capital pour l'évolution du chien de berger en général. Il est à l'origine de la notion de chien de conduite qui va se répandre dans toute l'Europe au fil des siècles à partir de 1400.
En ce qui nous concerne, on peut raisonnablement penser que notre Colley, ainsi que de nombreuses autres races bergères proches, va hériter de nombreux gènes de lui qui le modèleront pour en faire le chien que nous connaissons aujourd'hui. A une époque
ou les capacités au travail étaient seules prises en compte, on ne peut pas imaginer que les bergers Anglais ne le croiseront pas avec leurs chiens afin d'en améliorer les qualités bergères. Le caractère du Colley, et sa livrée en sont
peut-être l'héritage le plus visible.
Quant à la dernière période chaude, encore en cours actuellement, et débutée en 1860...Révolution industrielle en Angleterre, naissance de la cynophilie avec la création du Kennel Club, des Clubs de race et des expositions. Le Colley
se voit scinder en 2: chien de race destiné aux expositions pour sa beauté d'une part. Ou, d'autre part, chien de ferme continuant à assurer la garde des troupeaux sur différents continents en fonction des migrations humaines: Amérique du Nord ou
du Sud principalement.
Les pollens dévoilent l'évolution climatique de notre continent.

(source: http://quatrenaire.revues.org/index585.html?file=1)
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