Pas d'accord avec la légende du berger qui n'en voulait pas parce qu'il ne voyait plus le chien au milieu des moutons.
Les bergers n'avaient pas besoin de quiconque pour les aider à choisir leurs gardiens.
Et entre bergers et expositions, je ne suis pas sûr que les 2 populations vivaient sur la même planète tellement le fossé est grand entre les 2.
La vérité serait plus à chercher du côté du mercantilisme, ou de protection de la race naissante.
Il faut revenir à l'époque, vers la fin du 19ème siècle. Les expositions de l'époque sont plus des marchés aux chiens qu'autre chose. J'ai la copie de tous les catalogues de Cruft's d'avant 1900, le prix de vente du chien figure avec le nom du chien engagé, au même titre que le nom des parents ou la date de naissance. Tout est bon pour gagner de l'argent, et s'il peut être gagné vite, c'est encore mieux. Comme les races ne sont pas fixées, on trouve un peu de tout et ce qui sort de la banalité attire vite le regard, et l'envie.
Les couleurs profondes plaisaient, on a marié des colleys avec des Setter Gordon pour apporter cette profondeur de couleur qu'ils ont. Et il y avait pendant quelques années une classe pour les colleys blanc à Cruft's. La reine d'Angleterre en a même possédés, une bonne vingtaine.
Certains étaient blanc pur. Or, le blanc pur est impossible à obtenir chez le colley sauf à le marier avec un chien d'une autre race.
Voici ce qu'écrit Hugh Dalziel en 1888:
"Les colleys blancs peuvent enthousiasmer le public du fait de Sa Majesté la Reine et Son Altesse Royale le prince de Galles qui ont, chacun, gracieusement accepté un colley blanc. S'il y a une demande, il est à craindre les croisements avec des chiens de type Spitz qui seront ensuite vendus comme chiens de pure race. M. Thompson DJ Gray, de Dundee, détient un colley tout blanc, à l'exception d'un endroit près de la racine de la queue; et M. Witley, de Lynn, en possède deux qui sont blanc à l'exception des oreilles, qui sont d'une couleur fauve; et tous les ceux-ci sont de race pure."
Hugh Dalziel "The collie" (1888)
Les colleys blancs avec des taches sont effectivement issus de mariages entre colleys facteur blanc.
Ils l'étaient pratiquement tous à l'époque.
Visitez cette page:
http://www.collie-online.com/colley/cou ... leur_3.phpIl faut descendre tout en bas de la page, dans la colonne de droite il y a des photos des grands reproducteurs de l'époque: tous sont facteur blanc.
Mais la photo d'un des colleys blancs de la reine d'Angleterre montre bien qu'il a du sang Spitz, probablement Samoyède:

Crainte de perdre le type même de la race à cause de la multitude de croisements réalisés… Crainte de voir ces chiens être appréciés et achetés un bon prix au détriment des colleys traditionnels?
Si ce spécialiste du chien l'écrivait, c'est que des croisements étaient pratiqués.
Tout est possible, mais pas l'histoire du berger qui ne reconnait pas son chien parce qu'il est blanc. A cette époque, le berger est déjà balancé aux oubliettes.
Le standard, ou les standards plutôt, ne stipulent rien sur la couleur au début:
1881, 1er standard du Kennel Club. 1 seul mot pour la couleur: "immaterial"
Le standard du Collie Club Of Scotland, 1890, écrivait "any colour"
Face à toutes ces dérives de mariages hors races, en 1910 le standard écrit toujours "immaterial", mais avec une clause importante “white or red setter colour is most objectionable”
Le blanc n'a pas pris en Angleterre, mais a séduit les Américains, tout comme le berger allemand blanc.
Il est d'ailleurs plus que probable que le berger blanc suisse est né de croisements entre colleys blanc pur et bergers allemand blancs.. Ce qui expliquerait comment le berger blanc suisse a récupéré la mutation MDR1.!
Nous arriverons ainsi dans les années 60, et l'exclusion du blanc comme l'écrit Catrin'.
Tout ceci sans aucun fondement scientifique, pas plus que de réel besoin.
Patrick