"La majorité des éleveurs pense agir en faveur de la conservation, à partir du moment où ils ne croisent que des chiens de pure race. Quant à lamélioration, la plupart des éleveurs pensent aussi quils peuvent y arriver, en laissant
les « meilleurs » chiens contribuer le plus possible à la reproduction des générations futures. Ils pensent aussi que cette approche permet déradiquer les problèmes de santé et de bien-être chez les chiens de race. La réalité
de lélevage est cependant toute différente. Le fait est quen dépit de tous nos efforts, le pourcentage danimaux souffrant de troubles héréditaires semble ne cesser daugmenter, et non pas de diminuer. Toutes nos tentatives pour améliorer
la santé et le bien-être de la population des chiens de race via cette sélection, aboutit quasiment au néant."
Des propos alarmants tenus par Ir. Ed. J. Gubbels, généticien, lors d'une conférence qu'il a tenue à l'occasion de la Mondiale d'Amsterdam.
Les premiers à payer le prix sont les chiens. Quand léleveur est confronté à ces problèmes, il na plus aucun moyen de préserver ni leur santé, ni leur bien-être. Dans un tel scenario, nos races perdent alors leur droit dexister.
La santé d'une race doit dépendre de nombreux facteurs. 2 d'entre eux peuvent être étudiés et surveillés si nous possédons suffisamment d'informations permettant d'établir un suivi qui ne sera pas dépendant de quelques cas particuliers.
Il s'agit de:
1- L'appréciation de la consanguinité globale au sein de la race, et son évolution dans le temps.
2- La sur-utilisation d'animaux ou de lignées supposés être les meilleurs de leur époque.
La base de pedigrees de Collie online a pris une dimension suffisante pour permettre une évaluation, et une surveillance, de ces facteurs.
C'est le but de cette rubrique Watchfull Eye: L'observatoire (de la race).
3- Dernier point pris en compte ici est l'évolution de la taille de la population de Colleys.
Elle est en régression constante depuis 1980.
Il y a donc moins de lignées, de courants de sang, et donc concentration du pool génique.
C'est un facteur agravant pour la santé globale de la race.
Les enjeux sont clairement exposés:
L'avenir imposera une redéfinition de la notion de race et de sélection. La sélection est aujourd'hui synonyme de production de futurs champions (de beauté en ce qui concerne le Colley). La sélection s'appuie obligatoirement sur le recours à la consanguinité
pour être efficace. C'est la théorie qui prévaut généralement. Pourtant, la sélection ainsi menée n'améliore pas la race dans sa globalité, bien au contraire. Il est absurde de vanter une race aux seules qualités esthétiques
des 10 ou 20 chiens promus champions au cours d'une année si 90% de la race souffre de désordres divers et variés. L'arbre qui cache la forêt n'arrivera pas à la cacher bien longtemps.
Il faudra un jour redéfinir la notion de race en réintroduisant un objectif de travail (sur troupeau pour le Colley) par exemple. Le standard ne sera plus alors uniquement dévolu à la notion de beauté. Notons que c'est bien dans ce but que les races ont
été créées par le Kennel Club anglais à la fin du 19ème siècle. (Voir l'histoire du colley). Les Colleys ont alors été rassemblés selon 2 populations distinctes: Le chien de race, le Rough Collie, sélectionné
pour sa seule beauté. Et le chien de ferme, le Farm Collie, chien dont les capacités bergères n'intéressaient plus personne. Notons que des éleveurs écossais ont profité de cet engouement nouveau pour les beaux chiens pour se débarasser
à bon prix de leurs Colleys inaptes au travail.
Il faudra un jour gérer le "pool" génique de la race par une approche globale de celle-ci et non plus par la promotion d'une élite restreinte.
Nous devons accorder lutilisation (la contribution à la génération suivante) des animaux reproducteurs en fonction de la taille de la population. Un seul et unique chien ne devrait pas avoir dimpact sur la composition génétique des générations
suivantes au point de pouvoir donner naissance à un « désastre génétique ». (voir Aniwa).
Des outils tels que ceux proposés ici peuvent permettre d'évaluer cette globalité.